Par Mariam Barry

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Connu depuis l’antiquité, l’esclavage consistait à priver un individu de sa liberté, elle fonctionnait donc que sous la contrainte, la violence et réduisait les victimes au rang de marchandise négociable.

L’Organisation Internationale du Travail (OIT), estime que l’esclavage contemporain touche aujourd’hui plus de 40 millions de personnes à travers le monde. Et plus de 70% des victimes sont des femmes, le plus souvent en Afrique subsaharienne, à travers les exploitations sexuelles, les mariages forcés et précoces.

Pourquoi la date du 23 août?

C’est à Saint Dominique, aujourd’hui appelé Haïti, dans la nuit du 22 au 23 août 1791, qu’a commencé la révolte qui à jouer un rôle déterminant pour l’abolition de la traite négrière. Les populations qui ont été envoyées de l'Afrique vers l'Amérique ont eu un parcours très difficile à savoir, le racisme, l’esclavagisme, la discrimination, le mauvais traitement…

La date du 23 août est ainsi reconnue comme la journée internationale de commémoration de la traite des esclaves pour rendre hommage aux hommes, aux femmes et aux d’enfants qui ont souffert et qui sont mort sous ce système cruel qui est l’esclavage, et aussi que les conséquences humaines dévastatrices causées par l’esclavagisme ne soient pas oubliées.

Retour dans le passé pour mieux comprendre le système d’esclavage:

La traite négrière a débuté au 15e siècle par les Portugais qui ont commencé à acheter des hommes sur le continent Africain, la colonisation par les grandes puissances maritimes prend donc une grande ampleur et les pays de l’Amérique demandent des mains d’œuvres pour travailler dans leurs mines et plantations, c’est ainsi qu’à commencer au 16e siècle, le commerce triangulaire.

Les colons Européens échangeaient leurs marchandises manufacturées contre des hommes noirs et les transportaient à travers l’atlantique dans un voyage terrible et insupportable. Ils étaient ensuite vendus à d’autres colons au Brésil, en Amérique du Nord, à la Réunion et ils étaient réduits à travailler sous leurs contraintes et le plus souvent dans des conditions très dures et déplorables.

On peut compter parmi les pays qui ont été dans l’organisation de la transportation négrière :

● L’Angleterre avec 41% d’expédition négrières

● Le Portugal 39%

● La France 13%

Entre le 15e et le 19e siècle, plus d’un million et demi de personnes ont perdu leur vie pendant la traversée et plus de 15 millions de personnes ont été des victimes de l’esclavage.

Ainsi, à l’occasion de la journée internationale du souvenir de la traite des esclaves, cet article parlera de l’évolution et du changement constatés depuis l’abolition de la traite négrière.

Où en somme nous aujourd’hui avec l’esclavage?

L’esclavage a été aboli il y a de cela bien des décennies, la liberté a été rendue à des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui ont été des victimes de ce système néfaste où les descendants ressentent encore les séquelles de la traite négrière. L’esclavage à t-il vraiment prit fin comme on le dit ? Il convient de constater que tel n’est pas vraiment le cas !

En effet, depuis la Convention relative à l’esclavage signée à Genève le 25 septembre 1926, la communauté internationale a adopté plusieurs instruments juridiques visant à réprimer et punir la traite des personnes, mais il existe encore des pratiques esclavagistes traditionnelles dans certains pays en Afrique comme au Niger et en Mauritanie. L’esclavage a donc prit une autre forme plus moderne au fil des ans et constitue un phénomène important lié à la misère de la population qui en résulte, il existe aujourd’hui plusieurs types d’esclavages moderne à l’égard des personnes les plus vulnérables, on peut citer entre autres:

La traite des personnes:

Selon le Protocole de Palerme qui a été adopté le 15 novembre 2002 en Italie et qui vise à réprimer et punir la traite des personnes, en particulier celle des femmes et des enfants et le trafic illicite des migrants, la traite des personnes consiste à recruter, transporter où accueillir des personnes en ayant recours à la menace, l’enlèvement où encore une situation de vulnérabilité.

C’est une forme moderne d’esclavage dans laquelle une personne exploite une autre personne pour en tirer profit.

Cette forme d’exploitation comprend la prostitution d’autrui, l’exploitation sexuelle commerciale des femmes, la vente des bébés et même des prélèvements d’organes. Les situations de trafic illicite, dans lesquelles les migrants consentent à une transaction avec un passeur, se transforment souvent en situations de traite où les migrants sont maltraités ou exploités comme au Liban par exemple.

La traite des personnes et les violences associées ont de graves conséquences physiques, psychologiques et sociales sur la santé des victimes, la plupart sont frappées à coups de poings et de pieds et notamment les femmes sont violées pour avoir refusé de travailler. Les séquelles physiques et psychologiques sont donc nombreuses à savoir blessures internes et externes, des crises de désespoirs ou de dépressions, et lorsque les femmes en particulier sont victimes d’exploitation sexuelle, elles risquent de plus en plus des infections sexuellement transmissibles.

Au Nigéria par exemple, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) estime que rien qu’en Italie 10 000 à 15 000 filles sont forcées de travailler dans l’industrie du sexe.

L’esclavage dans le milieu du travail:

Selon l’Organisation Internationale du Travail, le travail forcé est tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré. Les cas de travaux forcés sont reconnus par : les menaces ou blessures physiques, restriction de mouvement dans une zone limitée, rétention de passeports et des documents d’identité.

Les personnes n’ayant pas assez de moyen pour subvenir à leur besoin où celle de leur famille sont contraints d’accepter des conditions de travail déplorable contre leur gré, elles sont forcées à travailler de façon abusive pour très peu où pour rien et souvent durant de longues heures, la valeur de travail qu’elles apportent est complètement supérieure à l’argent qu’elles reçoivent. Les personnes les plus touchées par le travail forcé sont les femmes, les enfants, les populations autochtones et les travailleurs migrants.

Elles font face à des situations alarmantes, des situations de menace où elles sont dans l’obligation d'obéir aux ordres qui leur sont donnés au risque de perdre leur emploi, ou encore pour les étrangers de se faire dénoncer aux autorités de migrations lorsque ces derniers ont des statuts d’immigrations irréguliers.

Les femmes et les filles sont principalement touchées par le travail forcé, elles représentent 99% des victimes dans l’industrie du sexe, et 58% dans d’autres secteurs.

En Arabie Saoudite par exemple, plusieurs femmes étrangères sont employées comme domestique pour seulement quelques dollars par jour alors qu’en arrivant sur place, on leur avait promis des salaires et des emplois plus décents. Le plus souvent, elles ne peuvent pas partir sans l’autorisation de leurs employeurs même si elles le souhaitent car leurs passeports sont confisqués par ces derniers. La plupart de ces femmes subissent le harcèlement sexuel, le viol, sont frappées et enfermées pendant des semaines sans eaux ni nourritures.

Le travail des enfants:

Il y’a environ 152 millions d’enfants qui sont contraints de travailler à travers le monde et 73 millions d’entre eux sont soumis à des formes de travail plus dangereuses à savoir : violence physique, agression et exploitation sexuelle (qui peuvent être source de grossesses précoces et de contraction du VIH/SIDA), tri des déchets, trafic de stupéfiants, travail dans les mines, maltraitance, possibilité de se blesser avec des outils inadaptés à leur âge, subir des conséquences de substances toxiques…

Pourtant, cela va à l’encontre de la convention des droits de l’enfant qui dit que :

« le droit de l'enfant est d'être protégé de l'exploitation économique et de tout travail susceptible d'être dangereux ou d'interférer avec l'éducation de l'enfant, ou de nuire à la santé de l'enfant ou son développement physique, mental, spirituel, moral ou social » elle est ratifiée dans 192 pays et oblige ces États à protéger les enfants contre toute forme de travail mais malgré tout, le travail des enfants continu d’exister et reste le principal obstacle à l’éducation des enfants.

Cette pratique constitue surtout un esclavage moderne au vu de toutes les exploitations qu’ils subissent, sachant que 1 fille sur 3 et 1 garçon sur 7 subissent des violences sexuelles à cause de leur travail. L’Afrique sub-saharienne est la région du monde la plus touchée : 1 enfant sur 5 en Afrique est contraint au travail des enfants et les conséquences qu’ils subissent menacent leur développement physique, psychologique et social même à l’âge adulte.

Les mesures à prendre pour vaincre l’esclavage moderne:

Ainsi l’esclavage à bien été aboli depuis plusieurs années, mais comme nous avons pu le constater à travers cet article, il continue toujours d’exister sous une autre forme plus moderne et des victimes en payent les conséquences tous les jours. La journée internationale du souvenir de l’esclave est l’occasion idéale pour soulever toutes les questions autour de l’esclavage, de voir la réalité en face, de protéger les enfants innocents ainsi que les femmes et les hommes innocents qui subissent l’esclavage à longueur de journée sans aucune impunité envers les responsables de ces actes.

Il existe dans la plupart des pays, des législations contre les différentes pratiques d’esclavage moderne cité plus haut : la traite des personnes, le travail forcé, le travail des enfants et bien d’autres, néanmoins, les gouvernements ne sont pas vraiment disposés à faire respecter la loi ou sanctionner les responsables. La loi n’est pas appliquée correctement donc la corruption reste plus courante et la plupart des responsables de ces pratiques demeurent impunies.

Pour finir, lutter efficacement contre cette pratique qui dure depuis des années revient à mettre en place des initiatives qui visent à combattre la traite des personnes, le travail forcé, le travail des enfants ainsi que tout autres formes d’esclavages qui touchent l’être humain. Ces initiatives doivent reposer sur des approches qui répondent aux droits des victimes et faire en sorte que les pays respectent et protègent les droits humains, organisent des campagnes de sensibilisations auprès des employeurs, sanctionnent les personnes responsables de ces pratiques, et surtout imposer une application de la loi sur les mesures prises pour lutter contre toutes formes d’esclavages.

 


International Day of Remembrance of the Slave Trade.

Known since ancient times, slavery consisted of depriving an individual of his or her freedom and therefore operated only under duress and violence and reduced the victims to the rank of negotiable goods.

The International Labor Organization (ILO) estimates that contemporary slavery affects more than 40 million people worldwide. And more than 70% of the victims are women, most often in sub-Saharan Africa, through sexual exploitation, and forced and early marriages.

Why the date of August 23?

It was in Saint Dominique, now called Haiti, on the night of August 22 to 23, 1791, that the revolt began that was to play a decisive role in the abolition of the slave trade. The populations that were sent from Africa to America had a very difficult journey, namely, racism, slavery, discrimination, mistreatment...

The date of August 23 is thus recognized as the international day of commemoration of the slave trade to pay tribute to the men, women and children who suffered and died under this cruel system that is slavery, and also that the devastating human consequences caused by slavery are not forgotten.

Let's go back in time to better understand the slavery system:

The slave trade began in the 15th century by the Portuguese who started to buy men on the African continent, colonization by the great maritime powers thus took on a great magnitude and the countries of America asked for laborers to work in their mines and plantations, thus began in the 16th century, the triangular trade.

The European settlers exchanged their manufactured goods for black men and transported them across the Atlantic in a terrible and unbearable journey. They were then sold to other settlers in Brazil, North America, and Reunion Island and were reduced to working under their constraints and most often in very harsh and deplorable conditions.

We can count among the countries that were in the organization of slave transportation:

● England with 41% of slave shipping

● Portugal 39%.

● France 13%.

Between the 15th and 19th centuries, more than one and a half million people lost their lives during the crossing and more than 15 million people were victims of slavery.

So, on the occasion of the International Day of Remembrance of the Slave Trade, this article will discuss the evolution and change since the abolition of the slave trade.

Where are we today with slavery?

Slavery was abolished many decades ago, and freedom was given to thousands of men, women and children who were victims of this harmful system, whose descendants still feel the after-effects of the slave trade. Did slavery really end as it is said? It should be noted that this is not really the case!

Indeed, since the Slavery Convention was signed in Geneva on September 25, 1926, the international community has adopted several legal instruments aimed at repressing and punishing human trafficking, but traditional slavery practices still exist in some African countries such as Niger and Mauritania. Slavery has therefore taken on another, more modern form over the years and is an important phenomenon linked to the resulting misery of the population. Today, there are several types of modern slavery against the most vulnerable people, including

Human trafficking:

According to the Palermo Protocol adopted on November 15, 2002, in Italy, which aims to suppress and punish trafficking in persons, especially women and children, and the smuggling of migrants, trafficking in persons consists of the recruitment, transportation or harbouring of persons through the use of threats, abduction or a situation of vulnerability.

It is a modern form of slavery in which one person exploits another for profit.

This form of exploitation includes the prostitution of others, the commercial sexual exploitation of women, the sale of babies and even organ harvesting. Smuggling situations, where migrants consent to a transaction with a smuggler, often turn into trafficking situations where migrants are abused or exploited, as in Lebanon, for example.

Trafficking in persons and related violence have serious physical, psychological and social consequences on the health of the victims, most of whom are beaten and kicked and especially women are raped for refusing to work. The physical and psychological after-effects are numerous, including internal and external injuries, crises of despair or depression, and when women in particular are victims of sexual exploitation, they are increasingly at risk of sexually transmitted infections.

In Nigeria, for example, the International Organization for Migration (IOM) estimates that 10,000 to 15,000 girls in Italy alone are forced to work in the sex industry.

Slavery in the workplace:

According to the International Labor Organization, forced labor is any work or service which is exacted from any individual under the menace of any penalty and for which the said individual has not offered himself voluntarily. Cases of forced labor are recognized by: threats or physical injury, restriction of movement within a limited area, withholding of passports and identity documents.

People who do not have sufficient means to support themselves or their families are forced to accept deplorable working conditions against their will, forced to work abusively for little or nothing and often for long hours, the value of the work they provide being completely outweighed by the money they receive. Those most affected by forced labor are women, children, indigenous peoples and migrant workers.

They face alarming situations, situations of threat where they are obliged to obey the orders given to them at the risk of losing their jobs, or for foreigners to be denounced to the migration authorities when they have irregular immigration status.

Women and girls are the main victims of forced labor, accounting for 99% of victims in the sex industry, and 58% in other sectors.

In Saudi Arabia, for example, many foreign women are employed as domestic workers for only a few dollars a day, even though they were promised more decent wages and jobs when they arrived. Most of the time, they cannot leave without their employers' permission even if they want to because their passports are confiscated by their employers. Most of these women are sexually harassed, raped, beaten and locked up for weeks without food or water.

Child labor:

There are approximately 152 million children who are forced to work around the world and 73 million of them are subjected to the most dangerous forms of work: physical violence, sexual assault and exploitation (which can be a source of early pregnancy and HIV/AIDS), waste sorting, drug trafficking, work in mines, abuse, possibility of injury with tools unsuited to their age, suffering the consequences of toxic substances...

However, this goes against the Convention on the Rights of the Child which states that:

"The right of the child is to be protected from economic exploitation and from performing any work that is likely to be hazardous or to interfere with the child's education, or to be harmful to the child's health or physical, mental, spiritual, moral or social development." It has been ratified in 192 countries and obliges these states to protect children from all forms of work, but despite this, child labor continues to exist and remains the main obstacle to the education of children.

This practice constitutes above all a modern slavery in view of all the exploitations they undergo, knowing that 1 girl out of 3 and 1 boy out of 7 undergo sexual violence because of their work. Sub-Saharan Africa is the most affected region of the world: 1 child out of 5 in Africa is forced into child labor and the consequences they suffer threaten their physical, psychological and social development even in adulthood.

The measures to be taken to overcome modern slavery:

So slavery has indeed been abolished for several years, but as we have seen through this article, it still continues to exist in another more modern form and victims pay the consequences every day. The International Day of Remembrance of the Slave is the ideal occasion to raise all the questions around slavery, to see the reality, to protect the innocent children as well as the innocent women and men who suffer slavery all day long without any impunity towards those responsible for these acts.

In most countries, there is legislation against the various modern slavery practices mentioned above: human trafficking, forced labor, child labor and many others, yet governments are not really willing to enforce the law or punish those responsible. The law is not enforced properly so corruption remains more common and most of those responsible for these practices go unpunished.

Finally, effectively combating this long-standing practice means putting in place initiatives to combat human trafficking, forced labor, child labor, and other forms of slavery that affect human beings. These initiatives must be based on approaches that respond to the rights of victims and ensure that countries respect and protect human rights, organize awareness campaigns among employers, punish those responsible for these practices, and above all, impose law enforcement on measures taken to combat all forms of slavery.